PPDA au Tibet

Publié le par auravie

PPDA au Tibet
Sa mission pour la liberté de la presse 

Un article du journal tvmag que  j'ai mis en ligne

http://www.tvmag.com/jsp/magazine/magazine.jspx?acId=8&arId=23336

 

A la Une
FAIRE AVANCER LA DÉMOCRATIE ET LES DROITS DE L'HOMME.

Patrick Poivre d'Arvor s'est déjà engagé trois fois pour défendre la liberté de la presse avec Reporters sans frontières. Il a déjà soutenu un dissident politique emprisonné au Viêtnam depuis dix-sept ans. « Il a été libéré », explique PPDA, « et depuis, il nous a rendu visite dans les bureaux de TF1 pour nous exprimer sa reconnaissance ». La seconde mission concernait un cyber-dissident chinois. « Il faisait partie de ces dizaines de milliers de Chinois qui essayaient, sur Internet, de faire avancer la démocratie et les droits de l'homme », rappelle le journaliste. Deux ans plus tard, sur la route du retour entre le Tibet et la France, il retrouve avec émotion celui qui a subi cinq années de prison et de torture à Chengdu en Chine. « Il vient de nous remercier en nous disant que sans notre aide et sans le soutien d'une organisation américaine, il serait encore en prison. » La troisième mission de PPDA, diffusée en exclusivité dans TV Magazine, évoquait il y a quelques semaines son voyage clandestin en Birmanie, aux portes de Rangoon, pour dénoncer l'oppression du régime. Le journaliste a pu découvrir Potala, l'ancien palais du dalaï-lama exilé aujourd'hui en Inde. Cette bâtisse légendaire est vénérée par les Tibétains qui viennent régulièrement s'y prosterner bien que les Chinois aient construit une grande avenue à ses pieds. Patrick rappelle : « Potala n'est plus qu'un musée aujourd'hui alors que cette demeure est celle des différents dalaï-lamas. Tous y sont enterrés, jusqu'au treizième, mais le quatorzième dalaï-lama vit en exil à Dharamsala au nord de l'Inde depuis cinquante ans ».

PRISONNIERS AU TIBET

Ici, PPDA assiste à une joute oratoire au coeur du monastère de Sera près de Lhassa. Des journalistes mais aussi de nombreux moines sont emprisonnés au Tibet. PPDA confie : « On est toujours très heureux de pouvoir être utiles dans ce genre de situation. On sait que nous pouvons les aider face à un pays très puissant, une puissance économique majeure à laquelle l'Occident fait les yeux de Chimène, deux ans avant les jeux Olympiques. Mais les violations des droits de l'homme existent, notamment au Tibet ».

AU COEUR DU BOUDDHISME TIBÉTAIN

Lhassa, le temple le plus sacré du bouddhisme tibétain autour duquel, chaque jour, des milliers de fidèles marchent inlassablement et se prosternent, un moulin à prières à la main. C'est sur cette place, étroitement surveillée par la police, que sont nées les principales manifestations pour la liberté. À l'occasion des JO, ne serait-ce que pour une question d'image, les dirigeants chinois pourraient-ils annoncer de bonnes nouvelles dans le domaine des libertés ? « C'est un peu notre espoir, » répond PPDA, « le pays pourrait profiter d'être sous les projecteurs pour annoncer des avancées, cela serait formidable. Mais nous restons très sceptiques car il n'y a pas si longtemps, Bush leur a fait la leçon et ils ont fait la sourde oreille. »

UN PEUPLE OPPRIMÉ

Cette femme de 75 ans accueille Patrick au monastère de Samye (VIIIe siècle), le plus ancien du Tibet, après un voyage qui lui a permis de traverser, sur une barque, le Brahmapoutre (Yarlung en tibétain). Le site fut rasé comme beaucoup de temples pendant la révolution culturelle. Cette dame a connu le dalaï-lama avant son exil. « L'oppression au Tibet n'est pas semblable à celle que nous avons pu connaître dans les pays communistes d'avant 1989 », note PPDA. « Dans ce pays, de plus en plus de Chinois s¿installent, notamment à Lhassa, la capitale, où ils occupent toutes les positions (industrie, commerce et pouvoir central). L'esprit tibétain est soit noyé, soit complètement « ghettoïsé » (ndlr : le Tibet compte 6 millions de Tibétains dont 7,5 millions de Chinois d'implantation récente). Cela est très difficile à admettre car les Tibétains sont un peuple fier qui a ses coutumes, ses traditions ancestrales et une religion très forte. »

L'ESPOIR DU RETOUR DU DALAÏ-LAMA

« Tous les gens que nous rencontrons nous disent sous le manteau qu'ils espèrent le retour du dalaï-lama au Tibet », affirme PPDA. « Au monastère de Sera, un moine nous a beaucoup impressionnés en nous confiant que sur les trente-deux moines de sa promotion, il n'en reste que neuf en activité. Tous les autres ont été emprisonnés ou contraints de s'exiler. Ce religieux garde une photo du dalaï-lama dans sa chambre alors que cela est formellement interdit. Les Tibétains réclament simplement plus de liberté », insiste Patrick. « L'hiver dernier, des émeutes ont éclaté au nord du pays entre les paysans et le pouvoir central. J'ai appris cela en venant ici. Il n¿y a jamais eu une seule dépêche sur le sujet car toute la presse chinoise ferme les yeux. » Mais les Tibétains croient-ils encore à l'indépendance de leur pays ? « Ils voient bien que la Chine avec son 1,3 milliard d'habitants a beaucoup plus de poids au niveau mondial et que très peu de gouvernements osent se mettre sur son chemin. » Au cours de ce voyage express dans un pays où le bilan de l'invasion chinoise aurait provoqué 1,2 million de victimes depuis 1950 (selon la Commission internationale des juristes), PPDA a pu s'interroger sur la réaction des moines tibétains. Pourquoi ce peuple ne se soulève-t-il pas ? « Ils m'ont répondu : « Le dalaï- lama nous a demandé de le faire de la manière la plus pacifique possible. Cela est dans notre religion. Nous aurons gain de cause de cette manière... », raconte le journaliste.

LES CULTURES MINORITAIRES EN DANGER

En observant le bouddhisme, PPDA, le catholique, confie : « Toutes les religions, au départ, sont pacifiques. Elles enseignent la charité. C'est l'utilisation politique de la religion qui est dramatique comme nous l'avons vu avec le radicalisme islamique. On peut faire dire aux textes ce que l'on veut. Le bouddhisme est une religion exemplaire, admirable. Et quand je compare ces immenses avenues semblables de Lhassa et de Chengdu à la beauté des petites places tibétaines, je me dis que les cultures minoritaires sont en danger, pas seulement au Tibet mais partout sur la planète. Le monde ne peut pas accepter d¿être uniformisé. Il doit rester un kaléidoscope des particularismes qui font son charme et sa raison d'être. »

UN ENGAGEMENT NÉCESSAIRE

Côté sécurité, le journaliste et l'équipe de RSF ont pris d'indispensables précautions : « Nous sommes entrés avec des visas et une caméra de touristes en s'appuyant sur des connexions de l'association très bien organisée. Vincent Brossel, adjoint de Robert Ménard sur les affaires asiatiques, dispose d'une série de contacts clandestins. Nous prenons des risques, mais ils sont tellement dérisoires au regard de ceux que prennent ces moines et ces dissidents que notre action mérite d'être tentée. Au sein même des moines, des indicateurs sont présents pour renseigner le pouvoir chinois. Ceux qui résistent et qui osent sont extrêmement courageux. Notre engagement n'est qu'une petite goutte d'eau. »

 
Emmanuel Galiero

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Mise à jour le 28/04/2006

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